Père Frédéric GUIGAIN ⋅ L'oralité, du Coran à Marie

Intervention lors du Forum du 26-27 mai 2018 à Paris.


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L'intervenant

Père Frédéric GUIGAIN

Le père Frédéric Guigain est né à Paris en 1971, a obtenu un D.E.A. en philosophie à la Sorbonne (Paris IV) en 1994, a été ordonné prêtre dans le diocèse maronite de Jbeil-Byblos (Liban) en 2001, et a assumé diverses tâches pastorales au Nigéria (Port-Harcourt), en Italie (Rome-Albano) et au Liban (diocèse de Jbeil). Il a été vicaire en paroisse à Amchit, chargé de la chancellerie de l'évêché, et aumônier du comité diocésain pour la pastorale de la jeunesse. Il est actuellement vicaire de la paroisse de Saint-Cloud dans le diocèse de Nanterre.

Toutes ses interventions

L’oralité et la mémoire sont doublement fondamentaux dans la religion islamique : ils représentent un aspect capital, voire le cœur de la pratique religieuse musulmane, et ils renvoient directement à l’origine de cette religion, comme déformation rabbinique du message chrétien.

1) L’oralité dans la pratique religieuse :

(00:35) La pratique religieuse musulmane passe essentiellement par la récitation orale et la mémorisation des textes du Coran.

2) La place centrale de la mémoire dans l’Islam :

(01:55) Les mots récités et mémorisés ont une force presque incantatoire en eux-mêmes :

  • ( 02:18 ) Ils constituent une « novlangue » religieuse, où les mots ont un sens particulier au Coran.
  • ( 03:38 ) Ils sont faits pour être proclamés, et ainsi faire advenir dans les auditeurs la foi musulmane.
  • ( 04:50 ) Ils s’adressent à la mémoire : Sourate 54, « Il nous a plu de faire une proclamation qui soit pour la mémoire. Mais est-ce qu’il y a encore des gens qui mémorisent ? »

(07:10) La rencontre avec Allah se fait dans le mémoire, car la proclamation du Coran vise et possède la mémoire ( Sourate 38 ). La vertu de religion des Musulmans est donc avant tout de vivre le présent dans la mémoire des hauts faits de Dieu.

  • ( 08:39 ) Cette mobilisation de la mémoire se fait par les récitations : la parole d’Allah s’est révélée de façon successive, et doit donc être entretenue par des chaînes récitatives qui permettent de la posséder intérieurement.
  • ( 13:30 ) La mémoire conduit à la sagesse : la mémoire, dans le Coran comme dans les traditions biblique, talmudique, judaïque, est étroitement liée à la sagesse. En effet, la sagesse est la connaissance du tout, ce qui implique une participation de la mémoire.
  • ( 16:37 ) La mémorisation de la parole divine a encore une fonction et une puissance purificatrice : « Seigneur, fais surgir un envoyé parmi eux, qu’il récite sur eux des signes et qu’il leur apprenne l’écriture et la sagesse, et qu’il les purifie ».

(19:05) De cette place de la mémoire résulte la mission des destinataires du Coran de restaurer la spiritualité de la mémoire comme rencontre avec Dieu : rendre accessible aux Arabes la mémoire de Dieu, qu’ils puissent le rencontrer dans la récitation.

3) L’origine rabbinique de la spiritualité islamique de la mémoire

(21:16) Cette conception renvoie directement à la conception rabbinique du mystère de l’Incarnation :

  • ( 22:36 ) Le livre du Coran renvoie à un autre livre immuable et incontestable, qui se trouve auprès de Dieu et dont le Coran est une copie pour l’usage des hommes.
  • ( 24:00 ) Dans la pensée rabbinique contemporaine et postérieure à Notre Seigneur, Moïse a vu toute la révélation divine sur le Mont Sinaï, ce que l’islam reprend au compte de Mahomet.
  • ( 27:00 ) Thème persistant de la parole qui s’est faite chair, mais avec ce mouvement rabbinique d’absolutisation de l’écriture, devenue normative, quand le Christ s’est incarné en personne pour les Chrétiens.

(28:47) De là découle l’obligation musulmane de réciter le Coran pour atteindre cette révélation divine et la salut : détournement de la mémoire au profit d’une conception absolutisée de l’écriture.

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