Témoignage ⋅ Mehdi-Emmanuel
Forum des 26-27 mai 2018 - PARIS
Les témoinsTémoignages
À chaque forum, des anciens musulmans viennent témoigner de leur conversion au christianisme.
Forum des 26-27 mai 2018 - PARIS
Les témoinsÀ chaque forum, des anciens musulmans viennent témoigner de leur conversion au christianisme.
TRANSCRIPTION
Bonjour. C'est magnifique de voir comment le Seigneur s'y prend avec chacun d'entre nous et puis avec chacun d'entre vous, parce que souvent ça nous arrive qu'on nous demande de témoigner et en fait on a chacun vécu une conversion extraordinaire, Dieu est vraiment venu nous chercher, chacun des endroits pour nous ramener à la vie. Moi, je suis aussi issu d'une famille musulmane, je suis originaire de Saint-Étienne: voilà musulmane pratiquante, on est 4 enfants, on allait à l'école coranique pendant toute notre enfance. Ce qui était marrant c'est que mon père s'occupait de notre éducation religieuse, donc c'est vraiment lui qui nous emmenait à l'école coranique le week-end et ma mère c'était plutôt l'éducation au sens très large. Et elle a eu la bonne idée de nous inscrire en école privée à l'école Sainte-Marie, très étrange. Moi j'aimais énormément les choses de Dieu, j'étais assez pieux, j'aimais beaucoup beaucoup aller à la mosquée avec mon père. Par contre à l'école, j'étais vraiment un enfant très difficile, j'avais énormément de mal avec l'enseignement. J'avais un grand désir de liberté, je voulais être libre, je voulais aucune contrainte, qu'elle soit scolaire ou familiale. À la maison, c'était très dur: on était vraiment élevé à la dure avec un père qui était vraiment très rigide, on avait plus peur qu'on le craignait. Et c'était assez paradoxale, entre ma grande soif de Dieu et à côté le fait que je faisais un peu n'importe quoi à l'école. Il y avait énormément de choses que je ne comprenais pas dans le coran; parce qu'on apprenait, moi je fais parti d'une génération où c'était encore un islam à l'ancienne: c'est-à-dire que nos profs à l'école coranique étaient très souvent des gens qui venaient d'Algérie, (moi je suis d'origine algérienne), ils nous apprenaient en arabe, ils nous apprenaient à apprendre par cœur le coran sans comprendre la signification etc. Quand je vois mon petit frère aujourd'hui, qui a fait l'école coranique, qui a eu des cours en français, ouais c'était un peu différent, nous on a vraiment appris au coup de bâton. L'effet positif, c'est que ça m'a donné vraiment envie de comprendre cette religion et de comprendre ce que je vivais. Alors à l'adolescence, le cadre scolaire et le cadre familial a sauté, et puis assez naturellement vers 16-17 ans pareil le cadre de l'islam a lui aussi volé en éclat. Par contre ma soif de Dieu, elle, elle est restée. Ce qui est resté aussi, c'est cette colère, cette haine que j'avais un peu en moi, j'étais quelqu'un de très colérique, je le suis toujours un petit peu. Mais j'ai déversé, j'ai commencé à avoir une haine envers la France; puisque ce qu'il faut savoir c'est que en ayant grandi dans un quartier populaire, eh bien de fait il y avait toujours un antisémitisme ambiant et il y avait toujours un antichristianisme ambiant. Nous regardions toujours les français comme des égarés, comme des associationnistes et qu'il fallait convertir. Donc, j'avais vraiment une dureté dans le cœur par rapport à tout ça, qui s'est amplifié justement à 17-18 ans où on se trouve des combats où je me suis senti tout à coup très algérien alors que je l'avais jamais été vraiment auparavant: j'étais contre l'état français, contre la France, en fait vraiment une espèce de haine comme ça. Bon bien forcément j'ai eu un petit parcours dans de la petite puis après dans de la grande délinquance. Et dans mon quartier, il y avait un centre évangélique et je suis rentré un jour par hasard (enfin, par hasard avec un grand P), avec un ami qui avait fait l'école coranique avec moi et je me suis vraiment pris la tête avec le pasteur. Ce que je peux pas lui enlever c'est qu'il était vraiment zélé et on a failli en venir aux mains, puisque pour moi c'était inconcevable la Trinité, le fait que Jésus était fils de Dieu presque de façon charnelle avec Marie puisque pour moi la Trinité c'était ça. Donc vraiment ça a été un rapport très dur, d'autant que je vous ai dit que j'étais quelqu'un de colérique, mais il m'a quand même refilé une Bible. Et je savais en ayant cette Bible dans mes mains, c'est vraiment quelque chose de sensible, quand il me l'a remis j'avais l'impression qu'elle allait me brûler les doigts, tout est fait dans l'islam pour qu'on vous coupe du reste.
Moi, j'avais vraiment peur de cette Bible et encore plus de l'ouvrir. Et puis je l'ai ouverte, et j'ai commencé à découvrir la vie de Jésus, qui était une vie différente de celle que je connaissais dans l'islam; où c'est un prophète effectivement très respectable etc. qui fait des miracles, ils ont fait un espèce de mix entre plein de choses. Mais sa vie, cette radicalité et cette radicalité qui demande à Ses disciples une radicalité d'amour, ça ça m'a profondément touché. Enfin, je vous en parle a posteriori mais je pense que sur le coup c'est vraiment ça qui m'a touché. J'étais et je suis toujours un grand amoureux des psaumes, j'aimais profondément les psaumes et les proverbes. Et ça a été un peu le point de départ: de me plonger dans les Écritures et finalement petit à petit de vouloir ressembler à ce Jésus. Je pense que le Seigneur S'est d'abord révélé à moi par l'écriture. Et puis on essaye par ces petits moyens, dans ce milieu évangélique, avec juste sur la « Sola Scriptura », juste l'écriture, j'essayais vraiment de réformer ma vie avec ce que je lisais. Alors, effectivement il y avait quelques petits effets, j'ai pu quitter Saint-Étienne, j'ai commencé à faire du théâtre parce que je sentais qu'il y avait un don avec ça et vraiment je sentais qu'il y avait des effets de la grâce. Donc j'ai été plongé dans les eaux du baptême. Et puis, pendant quelques années, je me suis vraiment plongé dans les Écritures et il me manquait quelque chose: Le zèle évangélique il était là, ses cultes avec beaucoup de louanges etc. qui touchent quelque chose du sensible me faisait beaucoup de bien mais il manquait quelque chose. Je savais pas vraiment ce que c'était mais je me sentais moins à l'aise, et dans les milieux évangéliques et puis aussi dans le milieu réformé parce qu'après j'étais plutôt chez les réformés qui sont un peu plus soft. J'ai fait une école supérieure d'art dramatique à Lausanne en Suisse. Donc me suis dit:
Pays du protestantisme, je vais pouvoir trouver cette chose qui me manque. Et en fait à la fin de ma première année, j'ai un de mes meilleurs amis qui m'a invité à faire une retraite, il m'a dit: Je sais que t'aimes bien les psaumes, il savait que j'étais protestant. Je sais que tu aimes bien les psaumes. Donc, il m'a invité à l'abbaye
de Sept-Fons dans l'Allier. Là à peu près pareil, je crois que en fait ça m'a vraiment touché de vous entendre parce que; bon déjà première vêpre, je vois, ils sont plus de 80 moines, je les vois tous rentrer, moyennes d'âge 20-30 ans et chanter l'office. Alors moi qui aimait lire les psaumes, déjà c'est ma première expérience sensible vraiment très forte. Et après, ça a été au moment du Saint Sacrement, l'exposition du Saint Sacrement où j'ai vraiment goûté à la présence réelle du Christ dans l'eucharistie. Ça a vraiment été quelque chose de très fort, parce que effectivement je ne suis pas quelqu'un de très mystique, je suis plutôt quelqu'un de rationnel, même si j'avais posé des actes de foi, le baptême quand j'ai été baptisé, je ne savais pas concrètement ce que ça signifiait mais je savais que je devais le faire. Et là, cette expérience, que cette personne à qui je voulais ressembler dans la Bible, Elle était réellement présente et qu'il y avait vraiment comme un voile qui tombait où je comprenais; où tout à coup l'Église devenait claire pour moi:
dans la succession apostolique, dans les sacrements, dans le rôle de Marie etc. Il y avait vraiment quelque chose de clair. Si bien, que mon ami pensait que je lisais des livres en cachette et qu'après j'allais lui balancer tout ça à la figure. J'ai décidé après cette expérience de faire mon entrée en pleine communion dans l'Église Catholique. Donc j'ai fait un an et demi de catéchuménat adulte d'une pauvreté théologique sans nom. Je crois que c'est un résidu du coloriage qu'il y a au cathé quoi, et ça étanchait pas vraiment ma soif. Par contre, ce que j'ai trouvé d'incroyable, c'est les gens que j'ai rencontrés, les témoins du Christ. J'ai été très bien accompagné, j'ai eu des pères spirituels incroyables, j'ai eu des paroissiens incroyables dans toutes les paroisses que j'ai fréquentées; des gens qui m'ont vraiment aidé, matériellement, spirituellement, des gens qui ont prié pour moi. Ça, c'est quelque chose que j'ai vraiment ressenti de très fort. Et puis, en ouvrant la porte du catholicisme, j'ai ouvert la porte de la France culturellement, moi qui en avais eu une haine ou en tout cas une indifférence, j'ai vraiment découvert un amour de la France presque un peu naïf, que ce soit dans la gastronomie ou dans ses vins. J'ai pris 15 kilos en devenant catholique. Mais en fait je me suis vraiment rendu compte qu'on ne pouvait pas couper la France de ses racines, que ses racines étaient chrétiennes et que je pense que les musulmans d'aujourd'hui et les français chrétiens d'aujourd'hui doivent affirmer quelque chose, c'est qu'ils n'ont rien à voir avec justement cette Europe et cette France décadentes et qui sont en opposition ferme avec toutes ces idées, toute cette idéologie. Et le musulman il commence à le comprendre: il y a beaucoup de choses qui se passent sur internet. Je connais beaucoup de musulmans dans mon entourage qui commencent à comprendre qu'effectivement le français n'est pas exclusivement républicain, franc-maçon et relativiste. Le catholique se cache, je peux comprendre qu'il se cache parce que pendant deux siècles il y a eu tout un rouleau compresseur dans ce pays et donc c'est normal qu'il a fallu à un moment donné être dans l'entre-soi mais maintenant il est appelé à ressortir. Aujourd'hui, je pense sincèrement qu'en France la minorité visible c'est les catholiques. On parle très souvent des musulmans comme étant des minorités ou les minorités mais je pense qu'aujourd'hui c'est une minorité. Et je pense qu'il y a, sans être dans une espèce de prosélytisme effréné, il y a juste une identité à affirmer. Ça passe effectivement par: la prière, le témoignage de vie, prier pour ses collègues, etc. C'est extrêmement important ! Mais sincèrement je pense qu'il y a aussi quelque chose qui doit se passer dans les signes visibles. Dans le fait, tout à coup au travail avec ce collègue de boulot, de s'arrêter au travail à midi et de faire l'angélus. C'est bête, c'est des détails mais c'est; le musulman le fait, il se pose pas la question en fait. Il le vit et je pense que c'est ça qui touche des gens à qui on a coupé les racines qui sont aujourd'hui déracinées. Et quand ils cherchent Dieu, bien ceux qui leur tendent la main, en tout cas ceux qu'ils voient très souvent, c'est des musulmans qui n'ont pas honte de parler de leur foi, d'afficher leur foi, ça fait partie de leur identité. Et même si effectivement c'est difficile, il y a les contextes, moi je suis très heureux d'être avec vous aujourd'hui, je suis très heureux du fait qu'on m'ait invité; par contre effectivement je vois que les jeunes manquent un peu à l'appel, les plus jeunes manquent un peu à l'appel et je me dis:
Oui, ça dit quelque chose, ça dit quelque chose. Moi je terminerai là-dessus: je suis profondément pour un dialogue avec les musulmans. Je vie des choses dans mon quotidien où vraiment oui on doit dialoguer, on doit vivre avec eux, parce qu'en plus ils sont présents en France, par contre il n'y a qu'une vérité; qu'il y a des semences de vérité dans la religion musulmane, oui on connaît tous des bons musulmans etc. Mais vous l'avez vu avec les travaux du monsieur qui est passé avant et on va le voir aussi tout au long du week-end, il y a énormément d'incohérences, il y a très peu de fond dans cette religion. Donc le dialogue avec eux, mais à un moment donné, qu'est-ce qu'on veut? Est-ce qu'on veut le salut de leur âme ou est-ce qu'on veut juste vivre avec eux? La vie ici elle est éphémère, on y est tous pour un temps donné, ce qu'on essaie c'est d'atteindre la sainteté, difficilement, mais c'est aussi vraiment, je vous le dis parce que moi aussi ça me pose question même par rapport à ma famille, qu'est-ce qu'on veut pour eux? Si c'est le salut de leur âme, alors il faut se donner tous les moyens possibles et imaginaux pour pouvoir les atteindre. Merci.
Mise en place conjointement avec l'ECLJ, elle propose : une écoute et un soutien aux personnes issues de milieux musulmans qui subissent des pressions, menaces, violences à cause de leur conversion à Jésus Christ.
« Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre...
...sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. »