La Mecque est le lieu fondamental et la ville sainte des musulmans, qui renvoie à l’origine de
l’Islam. Mais Odon Lafontaine dissocie dans cette intervention la Mecque historique, celle du
texte coranique, de la Mecque construite par le tradition musulmane et honorée aujourd’hui par
des milliers de pèlerins.
( 00:00 ) Présentation et bibliographie : cf Le grand secret de l’Islam, O. Lafontaine (
téléchargeable sur Internet )
( 1:43 ) Qu’est ce que la Mecque dans la tradition musulmane ?
• La ville du vrai Abraham de l’Islam, qui y aurait construit la Kaaba avec Ismaël.
• La ville de Mahomet, de ses premières prédications, l’objet de sa conquête aboutie en
630.
• Un haut lieu de seconde Fitna ( guerre civile politico-religieuse ), puis, reprise et purifiée
des idoles, la Mecque serait devenue la ville sainte et objectif du pèlerinage islamique.
( 06:36 ) Que dit l’étude historico-critique récente sur la Mecque ?
L’analyse historico-critique actuelle du Coran et de l’Islam avance deux grands axes de
critiques :
• Le site de la Mecque ne correspond pas aux descriptions que font le Coran et de la
tradition musulmane des lieux et des évènements fondateurs de l’Islam ( 1 ).
• Le texte coranique sur lequel repose toute la croyance musulmane ne désigne pas la
Mecque, mais le temple, différents évènements, coutumes, pratiques ayant trait à
Jérusalem ( 2 ).
( 1 ) ( 09:27 ) La Mecque ne correspond pas aux descriptions du texte coranique :
- Critique de l’origine abrahamique de la Mecque : sur l’impossibilité du sacrifice d’Isaac à la
Mecque du fait des conditions climatiques incohérentes.
cf Jean Damascène, Traité des hérésies, VIIIème
siècle
- Critiques géographiques : incohérence de la situation de la Mecque avec les évènements que
lui attribue la tradition musulmane ( moyens de subsistance, activité économique, itinéraire de
commerce caravanier inexistant ... )
cf Patricia Crone, Les caravanes de la Mecque et l’avènement de l’Islam, 1987
- Critiques historiographiques : aucune mention de la Mecque ni dans les documents antérieurs,
ni dans ceux contemporains aux débuts de l’Islam.
- Critiques archéologiques : aucune orientation des mosquées vers la Mecque avant 727, et les
minbar tournés vers la Mecque sont ajoutés, pour l’essentiel, au IXème sur ordre des khalifes.
Cf Dan Gibson, Early Islamic Qiblas: A survey of mosques built between 622 and 876, 2017
( 2 ) ( 31:35 ) La lecture du texte coranique par la tradition musulmane est orientée pour faire
correspondre le texte à la Mecque :
La tradition musulmane attribue au site de la Mecque des lieux, des évènements qui concernent
en réalité Jérusalem, son temple ( « le lieu de prosternation interdit » ), ses coutumes... Le lieu
fondamental sur lequel repose l’Islam est en fait Jérusalem, qui aurait été assimilé à la Mecque
par la tradition musulmane dans le contexte de la naissance de l’islam comme instrument
politique ( cf intervention d’Odon Lafontaine « Qu’est-ce que le Coran ? » ).