Odon LAFONTAINE ⋅ L’islam sauvera-t-il le monde ? (questions)

Forum des 20 & 21 avril 2018 - LA ROCHE-SUR-YON

L'intervenant

Odon LAFONTAINE

Olaf (Odon Lafontaine) est blogueur, consultant et journaliste. Il n’est pas universitaire ni chercheur, mais vulgarisateur, s’appuyant sur les travaux de vrais chercheurs, au premier chef desquels le Père Edouard-Marie Gallez, avec qui il a travaillé pendant 2 ans pour la rédaction du Grand Secret de l’Islam.

Toutes ses interventions
  • (00:00) Les musulmans croient donc que la fin du monde, c’est lorsque celui-ci sera devenu musulman ? Pas de fin brutale de l’histoire dans l’islam, pas plus que dans le christianisme. Il arrivera un moment où Jésus-musulman reviendra, et sous la bannière du Mahdi les musulmans seront réunis, et face à la force des armées musulmanes, les mécréants seront soit subjugués soit anéantis soit convertis, et tout le monde deviendra musulman, et ce sera la paix et la félicité. Même genre de raisonnements que chez les Révolutionnaires en 1793, chez Che Guevara, … « Idéologie qui poursuit l’humanité depuis qu’elle a commencé à croire que son salut du mal était possible »
  • (01:45) Les musulmans croient-ils à l’éternité, à la vie éternelle? Les musulmans mélangent la vie après la mort et la vie au jour du jugement dernier ; ces deux idées se regroupent et cela vient de la confusion qui a entouré le moment où l’espérance première de la secte judéo-chrétienne a été arabisée. Il reste des éléments à la fois apocalyptiques de la foi judéo-chrétienne qui projetait tout sur le jugement dernier et le retour du Christ, vision mélangée venue après du paradis pour les guerriers et l’éternité dans le paradis ; mais l’éternité aussi le monde soumis à Dieu.
  • (03:00) Est-ce qu’on trouve le Mahdi et les histoires de la fin des temps dans le Coran? Environnement flou dans l’islam ; les événements apocalyptiques ont été écartés du Coran, sauf citation qui évoque le fait que Jésus reviendra à la fin des temps et espérance des temps derniers ; au départ Jésus et le Mahdi sont un même personnage, puis progressivement il y a eu séparation. Mahdi veut dire « bien-guidé », ce n’est pas un nom propre. C’est le processus long de construction de l’islam et de séparation du substrat judéo-chrétien qui a fait de Mahdi une figure différente de Jésus. Pour les sunnites comme pour les chiites Jésus a été enlevé par Dieu à la crucifixion, et gardé en réserve jusqu’à ce que Dieu le renvoie pour une redescente sur Terre pour prendre la tête des armées et soumettre le monde à la loi de Dieu.
  • (06:07) Quelles sont les justifications de la réduction de la femme comme un être inférieur à l’homme? Découverte des textes de Qumran où les textes juifs sont influencés par les idées chrétiennes, notamment le texte « les pièges de la femme », où les femmes détournent les croyants du projet ; on retrouve la même chose dans le Coran où les femmes empêchent l’aboutissement du bon projet musulman. Ce statut d’infériorité des femmes peut être analogique aux autres idéologies : on attaque l’homme et la femme pour en faire des êtres nouveaux, voire androgynes. On peut y voir l’idée de détourner les hommes des femmes parce que les femmes sont moins touchées par les idées politiques, étant en prise directe avec la vie, et n’ont pas besoin de recherche de sens de la vie comme les hommes qui veulent changer le monde.
  • (08:16) Comment la femme peut-elle être inférieure à l’homme alors que des « vierges » l’attendent au paradis ? C’est paradoxe en effet : il y une volonté de montrer que l’islam libère les femmes ; mais c’est une invention visant à montrer aux femmes qu’elles sont mieux loties que dans le temps pré-islamique.
  • (09 :32) Est-ce difficile pour les musulmans de savoir que leur prophète a épousé une petite fille ? Oui, depuis que le monde musulman s’est rapproché de l’Occident ; mais acceptable dans un monde musulman sans influence de l’Occident. Deux possibilités de conception chez les musulmans : ou bien la consommation du mariage avec Aicha est moral et on peut donc épouser des filles de 9 ans, soit le mariage n’a pas été consommé. On a les deux raisonnements dans l’islam : on part de la conclusion que l’islam est la meilleure des choses, et donc soit on nie l’histoire en refusant de voir la réalité en face, soit on l’accepte en disant que c’était bien et moral.
  • (10:53) L’islam a-t-il hérité du conflit entre Orient et Occident, entre Rome et la Perse ? L’affrontement de l’islam avec l’Occident n’est pas inéluctable car il n’y pas eu d’affrontement Rome-Perse, mais uniquement monde byzantin/grec et Perse. L’islam n’a pas émergé au VIIe siècle par hasard. Il s’est développé en 640 environ. Les Byzantins ont laissé l’islam se développer car ça leur permet de contrôler la Perse. Mais la Perse s’approprie l’islam pour reprendre le leadership impérial. L’islam se développe vraiment avec la Perse, sous la tutelle des abbasides. C’est eux qui écrivent la tradition, les hadîts.
  • (14:33) L’islam est-il une secte ? Il y a des aspects sectaires. Mais l’islam est plus large qu’une secte. Il y a des éléments de coercition qui existent, mais l’islam dépasse la définition de secte. On est plus proches de pensées idéologiques que d’une religion. Dans le christianisme, tout ce qui n’est pas à César est à Dieu. Mais l’islam est complètement différent de l’idée chrétienne qu’on a de la religion.
  • (16:52) Mahomet a-t-il réellement existé ? C’est complexe, mais on peut dire des choses. Il y a des éléments historiques rares, mais existants. Peut-être que ce n’est pas un personnage unique, mais plusieurs personnes. Mais à un moment, s’il y a des soldats Arabes qui s’unifient, il y a eu un chef, qu’on a appelé Mahomet. Peut-on dire que Mahomet est celui décrit dans la tradition islamique ? Il y a eu transformation d’un personnage historique en prophète. L’idée était de faire coller des faits historiques réinventés au but à atteindre : justifier l’islam comme solution aux problèmes du monde. Tout est à l’envers en fait : on pense que l’islam procède d’une réalité historique mais c’est l’inverse. L’islam a reconstruit son histoire.
  • (19:47) Ces découvertes sur les origines de l’islam pourraient-elles êtres remises en cause par d’autres découvertes ? On a aujourd’hui un énorme dossier historique à ce sujet. Il reste à mieux communiquer sur ces découvertes. Mais le dossier est rassemblé. Il y a eu d’autres influences que celles de la secte judéo-nazaréen, mais aucune qui ne parle d’un peuple unique qui va conquérir la terre et le rassembler sous sa loi. L’idée de conquête du monde n’existe que dans certains textes, comme les manuscrits de Qumran. Cette secte a eu un impact très fort pour galvaniser les Arabes et les envoyer à la conquête.
  • (22 :16) La destruction des vestiges archéologiques ne bloque-t-elle pas les chercheurs ? On commence à avoir des choses intéressantes. En 2010 un chercheur canadien, Dan Gibson, a fait des fouilles archéologiques et a montré qu’il n’y avait pas de mosquées dirigées vers la Mecque avant l’an 727. Par l’archéologie on montre que la Mecque n’avait pas cette importance que l’islam évoque, voire n’existait pas du tout. Les Saoudiens ont transformé la Mecque : des millions de pèlerins viennent aujourd’hui à la Mecque alors qu’il y a un siècle ils n’étaient pas 10.000. Ils ont ainsi retourné le sous-sol de la vieille ville et n’ont rien trouvé en matière archéologique qui date d’avant le IXe siècle. D’autres indices montrent que la fondation de la Mecque daterait de la fin du VIIe siècle, et sa transformation/sa fixation s’est faite au IXe siècle.

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