Par une approche géopolitique de l’islamisme actuel, entendu comme système politique, Alexandre Del Valle aboutit à le définir comme totalitaire et suprémaciste. Il estime qu’au lieu de se séparer, les deux tendances jihadiste et frèriste concourent au même résultat qui est la soumission de la planète à la loi d’Allah. Il convient donc d’adopter une attitude réaliste face à ce phénomène géopolitique, plus que religieux.
(00:00) Sur la différence entre Islam et islamisme :
- Il y a une grande interdépendance des notions, mais elles diffèrent par leur degré :
- L’Islam comme foi, civilisation et culture,
- L’Islam au sens politique, qui insiste avant tout sur la loi : la charia, et inclut la notion de jihad, guerre pour la défense et la propagation de l’Islam.
- Il existe plusieurs formes d’islamisme politique : piétisme ou salafisme, islamisme politique (Frères musulman, islamisme turc), islamisme jihadiste….
(07:02) Sur la nature de l’Islam politique :
- L’Islamisme politique est un totalitarisme suprémaciste (et non un intégrisme religieux), qui recoupe les éléments classiques de la définition du totalitarisme : une vision politique, la violence comme système de gouvernement, l’enrégimentement de la population, le mensonge et la terreur permanente, l’omniprésence du goût de la mort…
Cf Alexandre Del Valle : Le Totalitarisme islamiste à l'assaut des démocraties, Paris, Les Syrtes, 2002
- Les sources de la mutation totalitaire de l’Islam politique :
- Sources endogènes : la charia, l’Islam orthodoxe, fermeture des portes de l’ijtihad → un Islam jamais réformé.
- Sources exogènes : les accointances islamo-nazies pendant la 2e guerre mondiale (obsession anti-juive), l’influence et la collaboration avec le communisme radical révolutionnaire de Che Guevara, Ali Chariati…
(20:23) Les objectifs de l’Islam radical :
1°- Éliminer les laïcs dans l’espace musulman,
2°- Réunir en un khalifat mondial les pays musulmans, qui abrite des communautés musulmanes ou qui en ont abrité.
3°- Conquérir le monde pour aboutir à la domination planétaire des lois d’Allah.
(23:55) Les scissions entre les tendances musulmanes :
- Il faut distinguer :
- L’Islam privé, spirituel, minoritaire au plan de la représentation géopolitique,
- L’islamisme jihadiste,
- L’islamisme des Frères musulmans,
- Mêmes références et même idéal suprémaciste islamique,
Mais des tactiques différentes :
- Pour l’islamisme jihadiste : seules des relations de conflits sont possibles avec les pays non-musulmans,
- Pour les Frères musulmans : une démarche plus subtile de domination progressive des mécréants par l’annonce, la prédication et la subversion (cf. Le licite et l’illicite en Islam, Al-Qaradawi, 1960).
(37:12) Sur le statut des chrétiens en Islam :
Cf Pacte d’Omar, source jurisprudentielle reconnue en Islam, qui impose les conditions de tolérance des dhimmis par l’humiliation et, pour les Chrétiens, la renonciation à la vraie nature du christianisme (en particulier la nature divine du Christ).
Cf Bat Ye’or : Juifs et chrétiens sous l'islam. Les dhimmis face au défi intégriste, Berg international, Paris, 1994
(43:40) Sur le regard réaliste à avoir face à l’islamisme :
- Le point déterminant de la pensée musulmane n’est ni la vérité ni le bien, mais le licite et le rapport au pouvoir : « Un système politico-théocratique de type suprémaciste et totalitaire ».
- Par conséquent les deux positions des Frères musulmans (infiltration) et des jihadistes (action directe) se complètent et servent la médiatisation de l’Islam : un « marketing islamiste ». D’ailleurs, la plus grande instance musulmane, El Azar, n’a jamais désavoué la partie radicale de l’Islam, alors qu’elle l’a fait pour des penseurs plus libéraux.